Le transindividuel n’est ni le JE (l’individuel) ni le NOUS (l’interindividuel), c’est la co-individuation du JE et du NOUS dans un milieu préindividuel (où se produit les significations portées par les modes de vie). La transindividuation, c’est la transformation des je par le nous et du nous par le je, qui est d’emblée et d’un même mouvement la trans-formation du milieu symbolique à l’intérieur duquel seulement les je peuvent se rencontrer comme un nous. Le social en général est produit par transindividuation, c’est-à-dire par la participation à des milieux associés où se forment des significations (la signification est entre ou à travers les êtres)
En milieu urbain, la notion d’espace est intimement liée à celle d’architecture. Toutes deux posent la question de l’aménagement des sites dans lesquels la vie sociale prendra forme.
Pendant l’antiquité, l’Agora était le lieu public fort de la vie collective en Grèce, le marché de la cité. Dans les ensembles urbains contemporains, on retrouve souvent des places publiques avec une typologie identique, une concentration d’établissements administratifs, commerciaux et parfois religieux.
Rapidement le site de la Défense m’est apparu comme un paradigme de l’AGORA contemporaine, une place vue comme une articulation spatiale ouverte où les vies les plus diverses se dispersent et se retrouvent et qui interroge la notion de transindividuation.
Dans cet espace immense, l’architecture travaille les seuils et les dimensions qui sont ceux de nos vies, une spatialité de l’existence où l’espace accueille et crée les événements qui donnent la dynamique de l’individu et du groupe.
Sur fond blanc, les marches de la Grande Arche sont devenues la scène d'un théâtre urbain perpétuel. Tous semblent flotter sur le fond blanc des marches qui esquissent les lignes d’une partition éternellement rejouée mais toujours étonnante : l’occupation d’un espace public et les possibilités d’appropriation par ses usagers dans une chorégraphie invisible composée de coexistences surprenantes.